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Un bateau pour le transport scolaire

Le contexte

 

Chaque village au Laos est censé être équipé d’une école primaire. Bien que la plupart ne disposent souvent que de très peu de livres et de matériel scolaire, cela donne néanmoins la chance aux enfants de pouvoir avoir accès à des connaissances minimum.

 

Les choses se compliquent lors du passage à l’école secondaire (vers l’âge de 11 ans). En effet les écoles secondaires sont souvent très éloignées des villages, obligeant les élèves à effectuer de nombreux kilomètres à pied, en vélo sur des routes dangereuses, ou encore en bateau, ce qui engendre des frais de transport que tous ne peuvent pas se permettre.

 

Au vue des distances, les élèves restent au village de l’école secondaire toute la semaine et logent dans de petits dortoirs. Cela aussi engendre des coûts. Au final, beaucoup renoncent et arrêtent leur scolarité après l’école primaire et restent au village pour s’occuper des plus petits ou encore pour aider aux rizières.

 

La demande

 

Jom est un jeune homme de 30 ans. Il est né dans le petit village de Ban Hoy Han et se rendait en bateau à l’école secondaire située à une heure de navigation du village. Par la suite il s’est donné la chance d’aller étudier à Vientiane où il a travaillé pour financer ses études.

 

Au final, il a décroché son diplôme et trouvé un bon travail. Il est cependant retourné au village pour aider sa famille. Jom s’investit beaucoup pour son village et travaille dans un « éco-resort »t qui est situé juste à côté. Malgré son emploi du temps plus que chargé, il s’occupe d’emmener les enfants tous les lundis matin à l’école secondaire qui se trouve à une heure de navigation du village et y retourne les vendredis pour les ramener.

 

Pour ce faire, il utilise une petite barque de 5 mètres qui lui appartient et effectue pas moins de 5 trajets allers-retours. Il fait cela à titre gracieux et demande uniquement une petite participation aux familles pour payer l’essence. L’ASAS avait déjà eu l’occasion de rencontrer Jom lors d’une donation effectuée dans son village.

 

Il nous a sollicités pour nous expliquer son projet. Il souhaitait un bateau assez grand pour lui permettre de n’effectuer qu’un trajet pour les enfants. De plus cela économiserait encore le prix de l’essence et lui permettrait de gagner beaucoup de temps et d’énergie.

 

 

L’achat

 

Nous nous mettons donc en quête de l’embarcation destinée à devenir une navette scolaire fluviale. La chance nous sourit et nous trouvons un bateau d’occasion à un prix défiant toute concurrence. Certes des travaux de peinture et quelque réfections intérieures seront nécessaires, mais le principal - coque et moteur-  est en excellent état. Nous entreprenons donc de le ramener au village à quelque 3 heures de navigation de Luang Prabang.

 

 

La livraison

 

Un dicton lao dit que l’on connaît toujours l’heure à laquelle on part mais jamais celle à laquelle on arrive. Proverbe vérifié avec une grosse frayeur lors de notre périple.

 

En effet, au milieu du trajet, le moteur commence à fumer. Le bateau est livré aux courants capricieux du Mékong ; nous avons l’impression d’être une feuille morte qui menace rapidement de s’échouer sur la barrière de rochers située non loin de là. Nous nous retrouvons rapidement  s équipés de nos gilets de sauvetage, agitant les bras en espérant qu’une bonne âme vienne à notre secours.

 

Au bout  de 5 minutes, une petite barque de pêcheur bifurque dans notre direction. A son bord, nous reconnaissons un homme et un enfant d’un village voisin que l’on avait emmenés à l’hôpital 8 mois auparavant…..Il n y a pas de hasard dans la vieJ. Ils prennent les choses en main très rapidement en actionnant leur petit moteur à la puissance maximum afin de freiner notre bateau et d’amortir le choc. Arrivés à proximité du rocher, nous amortissons le choc avec des longues tiges de bambous. Nous voilà enfin à l’arrêt.

 

Plus de peur que de mal. Nos sauveteurs organisent la suite avec notre capitaine. Nous voyons bientôt arriver un gros bateau qui nous remorque au village suivant dont la spécialité est de construire des  bateaux. Nous trouvons sans encombre une autre embarcation pour terminer notre périple.

 

 

Les réparations

 

Après 2 semaines, le moteur était réparé et la liste des travaux intérieurs établie. Nous passons donc à la phase achat et livrons l’ensemble du matériel nécessaire au village. Les villageois s’occupent d’effectuer les réparations. Nous ajoutons à cela plus de trente gilets de sauvetages pour que les enfants soient en sécurité sur le trajet.

 

Au bout de 2 semaines le bateau flambant neuf à trouver une seconde jeunesse. Ne reste que les bancs intérieurs qui devraient être posés d’ici peu.

 

 

Le résultat

 

L’ASAS se rend au village mi-février afin de constater l’avancée des travaux. Nous passons la nuit au village car le trajet aller-retour n’est pas envisageable en une journée. Dans ce petit village, nous sommes toujours aussi touchés par la gentillesse de ses habitants.

 

Nos hôtes (la famille de notre capitaine), malgré leur modeste maison nous ont réservé un accueil digne d’un 5 étoiles. Au petit matin, nous partons avec les 35 étudiants sur la route de l’école à bord du bateau qui  a, ma foi,  bien fière allure.

 

Beaucoup d’émotion ce jour-là en constatant  ce qui peut advenir d’une petite lettre, d’un homme courageux souhaitant aider sa communauté et du soutien de l’ASAS qui ne pourrait exister sans  vous.

 

 

 

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